Actualités Janvier – Mars 2011

Spécial « Séisme et catastrophe nucléaire au Japon »

Mais où sont les robots ?

Le 8 mars 2011, à College Station, au Texas, se tenait pour deux jours un colloque entre chercheurs américains et japonais dont le thème fut les robots d’intervention d’urgence.

Le 11 mars 2011, le Japon connaissait une de ses catastrophes naturelles les plus meurtrières, et, dans les jours qui suivent, sa première catastrophe nucléaire civile.

Les robots japonais, au pays de la robotique, furent peu nombreux lors des opérations de secours.

Robot serpent

Pourtant, à l’université de Sendai elle-même, dans une des villes les plus touchées par les catastrophes naturelles, Satoshi Tadokoro, de l’Université du Tohoku, a immédiatement offert l’assistance de son robot serpent. Ce dernier, muni d’une caméra, est particulièrement utile pour l’exploration des bâtiments. A Tokyo, c’est l’équipe d’Eiji Koyanagi, directeur adjoint de l’Institut de technologie de Chiba, qui a proposé l’aide de Quince, petit robot à chenilles conçu pour porter secours aux personnes en difficultés dans des conditions de terrains extrêmes. Il communique par wifi et VoIp et peut détecter des composants chimiques.

monirobo

Selon le ministère des sciences japonais, deux robots, un robot détecteur de radiation, le Monirobo Rouge, et un autre, spécialisé dans la collecte de poussières et de gaz, le Monirobo Jaune ont été utilisés sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima. Le Monirobo est commandé à distance, jusqu’à un kilomètre. Il roule sur chenilles, possède un épais blindage, et un bras qu’il utilise pour déblayer devant lui et pour recueillir des échantillons.

De nombreuses contraintes pèsent toutefois sur l’utilisation des robots lors de catastrophes. Tout d’abord, pour les missions à l’intérieur de bâtiments, comme pour le cas de la centrale nucléaire, ces derniers doivent avoir été prévus pour être visités par les robots. Ce n’est pas le cas de la centrale de Fukushima, construite dans les années 70.

Un responsable du secteur nucléaire coréen a également affirmé que les contraintes budgétaires freinent depuis longtemps le développement de l’assistance robotisée. Enfin, les autorités ne seraient pas convaincues de l’apport des robots dans des situations extrêmes.

Le Japon, pays phare de la robotique domestique a d’ailleurs moins investi que la France ou l’Allemagne dans les robots d’intervention sur centrale nucléaire, capables de supporter un fort taux de radiation et,pour certains, de réaliser de lourds travaux.

En dehors des sites sensibles, les responsables des premiers secours insistent quant à eux sur le fait que face aux dégâts provoqués par le tsunami, très étendus mais sans enchevêtrements en profondeur, les humains et leurs chiens sont plus rapidement opérationnels. Les robots s’avèrent utiles pour pénétrer dans des bâtiments élevés effondrés, peu fréquents sur le site.

Robots : l’aide internationale

L’armée américaine a utilisé un drone pour fournir des images précises des dégâts aux autorités japonaises. Elle avait également à disposition son robot sous-marin Seabotix pour étudier l’état des infrastructures immergées, comme il l’a déjà fait à Haïti, ainsi que des camions robotisés, pour éventuellement atteindre le cœur de la centrale. Côté français, Henri Proglio, le PDG d’EDF, a proposé d’envoyer des robots au Japon. Après l’accident de Tchernobyl, un GIE, dénommé INTRA a été créé en France à l’initiative d’EDF, du CEA et d’Areva. Il est destiné selon leurs termes à « concevoir, fabriquer, exploiter et maintenir une flotte d’engins robotisés capables d’intervenir, à la place de l’homme, en cas d’accident nucléaire majeur, dans et autour des bâtiments industriels de ses membres. » Il a envoyé au Japon 100 tonnes de matériel, dont 2 petits robots à chenilles pour l’intérieur de la centrale, et un autre pour l’extérieur.

Par ailleurs, Bruno Maisonnier président d’Aldebaran, a décidé d’apporter sa contribution et de développer une gamme de robots d’intervention en situation dangereuses : « Il y a en ce moment un véritable besoin de robots chez nos partenaires japonais, ALDEBARAN Robotics est le leader mondial des robots humanoïdes marcheurs et pourtant on ne peut pas aider. En effet nos robots ciblent les marchés de recherche, éducation et l’assistance à la personne et n’ont pas étés conçus pour les situations difficiles. Je suis terriblement frustré de ça aussi ai-je décidé de développer immédiatement une gamme de robots marcheurs tous terrains pour ces situations, »

www.groupe-intra.com aldebaran-robotics.com

Pour aider le Japon : croix-rouge.fr/Japon

Le LAAS-CNRS, partenaire de Robotex pour la robotique terrestre et humanoïde

Le projet Robotex fait partie des 52 lauréats de la première vague de l’appel à projets « équipements d’excellence » annoncés le 20 janvier 2011. Ce réseau, unique au monde, relie les meilleures équipes françaises de recherche académique couvrant l’ensemble des champs de la robotique.

HRP2

Le LAAS-CNRS, Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes, basé à Toulouse est notamment impliqué dans des thèmes scientifiques associés à la « robotique mobile » et la « robotique humanoïde et interactions naturelles », où il a acquis une expérience reconnue. Il va ainsi acquérir de nouveaux robots pour un montant total de 900 000 euros, robots qui seront le support de recherches dans le contexte des systèmes multi-robots, des robots interactifs et des robots humanoïdes.

Mana

La robotique de production industrielle, la robotique médicale et la micro et nano robotique s’ajoutent à la robotique humanoïde et la robotique mobile (terrestre, aérienne) pour former les 5 thèmes scientifiques du réseau Robotex.

www.laas.fr

Syrobo se prépare à demain

En préparation du salon Innorobo, le Syrobo, syndicat français de la robotique, a tenu une conférence de presse début février. Les principaux acteurs français du secteur y ont précisé leur vision de la robotique.

Tout d’abord, si il existe des kits complets de programmation relativement abordables au particulier, concevoir un robot doté de faculté d’apprentissage reste du domaine des professionnels. Bien loin de Star Wars, chaque robot est actuellement créé pour une fonction précise. Et quand la forme humaine est privilégiée, c’est à une échelle inférieure à celle des humains, pour rassurer. Enfin et surtout, le meilleur est à venir, l’accélération technologique devant aboutir d’ici quelques années à la révolution de la robotique personnelle.

« Aujourd’hui, regarder avec un petit sourire la technologie des robots en pensant que c’est un truc de gamins, c’est aussi ridicule que les gens qui regardaient le TI994A en se disant que c’étaient des des gadgets. Il y a une vraie révolution accélérée de la technologie. » affirme Bruno Bonnell.

www.syrobo.org

Pour ne rien rater

Depuis septembre, à Moscou, un robot remplace en classe un petit garçon atteint de leucémie.

Ce garçon, nommé Stepan, le contrôle de chez lui, via Internet. Le robot transmet au malade le contenu du cours de façon interactive, mais surtout, lui permet de communiquer avec des enfants de son âge. Le robot peut rouler, bouger la tête de droite à gauche, il est équipé d’une caméra, d’un micro et d’enceintes. Si au début, l’arrivée du robot a provoqué l’étonnement, il est maintenant parfaitement accepté et tous, élèves, maîtresse et parents se réjouissent de l’effet positif qu’il a apporté à la vie de Stepan.

Il a fallu 2 ans aux chercheurs russes pour le mettre au point. il a été prêté gracieusement à Stepan par l’équipe de recherches, afin qu’il le teste. Les chercheurs espèrent maintenant pouvoir développer ce formidable vecteur social pour les malades ou handicapés à domicile.

De la robotique industrielle… médicale

La société Maquet Cardiopulmonary AG a créé un système de production robotisé d’oxygénateurs, des composants de circulation sanguine extracorporelle.

Seuls les robots permettent d’obtenir la précision requise (+/- 0,02mm) à cette vitesse de travail (les bras se déplacent à 11 m/s), et en production permanente, dans un environnement aseptisé. Malgré ces contraintes, l’accent a été mis sur la simplicité de programmation, afin d’assurer sécurité et interopérabilité, comme le précise Gunter Baron, développeur de systèmes de perfusion chez Maquet : « Nous voulions une programmation simple et une production régulière. Il devait être possible d’utiliser divers types de robots avec des contrôleurs les plus identiques possibles ».

Ce travail a été réalisé en collaboration avec Mitsubishi Electric.

http://www.maquet.com

Mon infirmière est un robot

L’hôpital d’Avesnes, dans le Pas-de-Calais s’est doté d’un nouveau préparateur en pharmacie : Nono. Ce robot prépare automatiquement les prises des médicaments des résidents de la maison de retraite du centre hospitalier, à partir de leur dossier médical. Il les rassemble dans des petits sachets nominatifs, par prise. L’infirmière n’a plus qu’à les distribuer aux patients.

Nono permet d’augmenter la sécurité de la délivrance des médicaments : un tiers des effets indésirables liés à une prise en charge médicamenteuse est du à une erreur d’administration.

L’investissement de l’établissement s’est élevé à 115 000 euros.

Une vidéo de notre préparateur sur le site de l’Observateur de l’Avesnois : www.lobservateurdelavesnois.fr .

www.ch-avesnes.fr

Philips a présenté son premier aspirateur robotisé, HomeRun

HomeRunner

Principales innovations :

  • Un système de nettoyage en 3 étapes : poussières, saletés et cheveux sont éliminés à l’aide des deux brosses latérales, l’une à rouleaux et l’autre aspirante.
  • Des capteurs infrarouge situés sous le pare-chocs et sous le robot, qui lui permettent de détecter et d’éviter les obstacles pour un nettoyage soigné.
  • Retour automatique à la station d’accueil pour se recharger.
  • Un logiciel actualisable via USB pour bénéficier des dernières améliorations du logiciel.
  • Une caméra et des logiciel intégrés pour un nettoyage efficace. Des photos de vos plafonds et murs, ainsi que des informations fournies par d’autres capteurs, sont utilisées pour créer une carte de votre pièce. Le robot peut ainsi savoir où il se trouve, où il est déjà passé et où il doit aller.
  • La batterie lithium-ion permet une autonomie maximale de 100 minutes avec une charge complète.
  • Les moins : son poids (4,1 kg), l’absence d’alerte lorsque le bac est plein et de mur virtuel.

http://www.philips.fr/c/aspirateurs/homerun-fc9910_01/prd/


Acroban, un robot à prendre par la main

Acroban

L’équipe de recherche Flowers de l’INRIA Bordeaux – SudOuest, en collaboration avec le LaBRI (Université Bordeaux 1), a conçu le premier robot humanoïde permettant de créer des interactions physiques fluides, intuitives et robustes, même avec des enfants.

Pour être produit à plus grande échelle, et répondre à des enjeux sociétaux comme le maintien à domicile des personnes âgées, un robot personnel doit être peu coûteux et suffisamment fiable pour être mis en contact avec des personnes, adultes comme enfants.

Acroban

Bien qu’initialement issu de la recherche fondamentale sur le mouvement et l’apprentissage, Acroban répond à ces deux objectifs et ouvre de nouvelles perspectives pour la robotique personnelle du futur. Acroban possède une colonne vertébrale et des matériaux bio-inspirés, une structure pouvant se déformer doucement, la possibilité d’acquérir de nouveaux mouvements par l’apprentissage et un équilibre du corps imspiré de celui de l’humain. Participent à cette belle aventure : l’INRIA (Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique), l’Université Bordeaux I, et Labri (Laboratoire Bordelais de Recherche en Informatique).

http://flowers.inria.fr/acroban.php

L’article dans son intégralité est paru dans Planète Robot n°9 du 30 avril 2011.

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