Robotique et dépendance

La robotique de demain… pour nous demain.

En 2050, une équipe de robots battra peut-être une équipe humaine en finale de la coupe du monde de foot. Espérons néanmoins que ce ne soit pas la seule prouesse dont ils soient capables, car pour nombre d’entre nous, nous suivrons le match devant la télé de la maison de retraite.

L’arrivée des robots dans le domaine de l’assistance aux personnes âgées est nécessaire du fait de l’allongement de la durée de vie et la réduction des effectifs de soignants. De plus, une grande majorité de seniors préfère continuer à vivre à son domicile plutôt qu’aller en maison de retraite.

Heureusement, les entreprises et chercheurs qui travaillent dans le domaine de l’assistance robotique aux personnes âgées, sont nombreux.

Mais qu’entend on par un « robot d’assistance aux personnes âgées » ?

Le Care-O-bot allemand.

Les robots sont attendus pour 2 raisons : technique, pour l’aide matérielle qu’ils peuvent apporter, et affective.

Ils se divisent donc en deux grandes catégories (1).

Premier type : les robots d’assistance physique, qui ne sont pas spécifiquement conçus pour être « communiquant » : fauteuils roulants automatisés, membres artificiels et exosquelette par exemple.

Le second type, les robots sociaux, sont des systèmes perçus comme des entités sociales communiquant avec l’utilisateur.

Ce second groupe est par ailleurs lui-même composé de deux catégories.

Les robots offrant un service forment le premier. Il s’agit pour ces robots, soit d’assurer une assistance à des activités de base (le repas, le bain, la toilette, l’habillement, les déplacements, le ménage), ou bien un monitoring pour les personnes le nécessitant (s’assurer qu’elles vont bien et qu’elles réalisent bien leurs activités quotidiennes « normales ») ou enfin, de maintenir la sécurité dans le périmètre de l’habitation. Il s’agit par exemple de Pearl, du néerlandais iCat et de l’Allemand Care-o-bot. de l’Italien Robocare project.

La seconde catégorie est celle des robots de compagnie, destinés à apporter un soutien moral. Le robot Japonais Paro, Huggable et le regretté Aibo comptent parmi ceux-là.

Et qu’est-ce qu’un robot pour une personne âgée ?

Question récurrente, elle fut cette fois-ci posée à des seniors. Pour ceux-ci, les robots sont avant tout des machines destinées à venir en aide aux humains, et, parmi eux, aux handicapés… et aux personnes âgées (2).

Sommes-nous prêts à les voir arriver ?

Le Paro japonais

Une question cruciale est évidemment de savoir si les bénéficiaires de ces avancées technologiques sont prêts à les accepter, et sous quels formes.

Pour y répondre, de nombreuses études ont été menées.

Oui, bien sûr !

En 2007, des chercheurs néerlandais (1) ont fait une revue complète des articles traitant de l’apport en termes de bien-être de nombreux robots compagnons.

Critères de l’étude :

  • les effets sur la santé,

  • sur l’humeur,

  • sur la communication,

  • sur la diminution de la solitude,

  • sur l’amélioration de la mémoire.

Ce recueil a pu montrer que, quel que soit le robot, sa présence améliore la condition de son utilisateur et augmente sa bonne humeur. Les seniors utilisateurs se déclarent également se sentir moins seuls depuis qu’ils utilisent des robots. Enfin, pour ce qui est de la santé, la présence de robots compagnons diminue le stress et augmente la réponse immunitaire ! Certaines études montrent même une diminution des phases de démence. Avec les personnes de l’entourage, la présence du robot devient sujet de conversation et par là-même, augmente le nombre des contacts sociaux de l’utilisateur.

Conséquence de ces bienfaits, une majeure partie des utilisateurs déclarent apprécier la présence des robots et s’y attacher.

Toutefois, la majorité de ces études a été réalisée au Japon, pays où l’intégration sociale des robots est largement développée. De plus, elles ont pour la plupart concerné des personnes âgées en maison de retraite. Les résultats peuvent-ils être étendus à celles résidant chez elles ? Ce point est important, car un des principaux arguments en faveur du développement des robots compagnons est qu’ils permettent de prolonger un maintien à domicile largement souhaité par les seniors. Ce maintient permettant pour la société, une diminution des coûts de prise en charge, toujours plus onéreux en établissement.

La revue de littérature modère enfin l’enthousiasme général du fait de la nouveauté des ces recherches et des difficultés auxquelles elles doivent faire face, liées au sujet traité : les groupes d’étude sont souvent restreints, les robots étudiés, souvent les mêmes, l’étude elle-même ne dure pas assez longtemps pour éviter l’effet de la nouveauté et il y a peu de groupes de contrôles, c’est à dire interagissant avec des objets non robotisés.

Faut voir…

Autre lieu, autres mœurs. Comme on pouvait s’y attendre, le sentiment des personnes âgées françaises est différent de leurs homologues Japonais.

Le projet Robadom (4) a pour ambition le développement d’un robot d’assistance aux personnes âgées souffrant de troubles cognitifs. Au sein de ce projet, des chercheuses françaises (2) ont recueilli les impressions de 15 seniors âgés de 66 à 89 ans, auxquels ont été montré des photos et des vidéos de plus de 26 robots d’assistance. Sept d’entre eux souffraient de difficultés cognitives.

Sur le podium des designs préférés, figurent Mamoru, Eve et Paro, Nao et Pomi. Majoritairement, les personnes âgées ne souhaitent pas un robot de taille humaine, mais plutôt discret et petit. Les réactions envers les robots humanoïdes ont également été globalement négatives. De plus, les participants ne comprenaient pas l’écart entre la pauvreté des fonctions offertes et la complexité du design.

A l’opposé des réactions enregistrées par les chercheurs japonais, les seniors français semblent réticents à voir l’émergence d’une solution robotisée plutôt qu’humaine pour leur prise en charge.

Les robots d’assistance : quelle apparence ?

Les choix sont clairs : le robot préféré est petit (par rapport à la taille humaine moyenne) et ses traits sont à mi-chemin entre ceux humains et ceux des machines. […]

L’article dans son intégralité est paru dans Planète Robot n°12 du 1er Novembre 2011.

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